Plaidoyer en faveur du dessein

Un partisan clé du dessein intelligent s’entretient avec David Hulme, éditeur de Vision, et John C. Anderson, collaborateur de Vision, sur les questions et les défis auxquels fait face le mouvement.

William Dembski est l’un des leaders du mouvement du dessein intelligent, mouvement qui met en doute les explications traditionnelles sur les origines de la vie au moyen de la théorie de l’évolution de Darwin. Dembski a écrit de nombreux articles et livres sur le sujet, comme par exemple The Design Inference : Eliminating Chance Through Small Probabilities (Cambridge University Press, 1998) et Intelligent Design : The Bridge Between Science and Theology (InterVarsity, 1999). Il détient des doctorats en mathématiques et en philosophie, a effectué des travaux de post-doctorat en mathématiques et en physique, et est actuellement enseignant chercheur associé en fondements conceptuels de la science à l’Université Baylor.

 

V Quels sont les questions fondamentales pour les partisans du dessein intelligent, et pourquoi sont-elles importantes ?

WD La question est de savoir si la réalité est fondamentalement le produit de l’esprit, de l’intelligence et d’un dessein précis, ou le produit de forces sans esprit, naturelles et matérielles qui évoluent avec le temps. Sommes-nous le résultat d’une intelligence qui nous a destinés à un but bien précis, ou sommes-nous un sous-produit évolutionniste ? La thèse évolutionniste ne veut pas s’exprimer en ces termes assez rudes, mais c’est vraiment ça la question fondamentale. Il n’existe aucune preuve tangible pour penser que toute la complexité et diversité biologique peut être expliquée par un processus évolutionniste aveugle.

Richard Dawkins déclare à la première page de son livre L’horloger aveugle : « La biologie est l'étude d'objets complexes qui donnent l'apparence d'avoir été conçus dans un but précis. » Pendant les trois cents pages suivantes, il affirme que c’est seulement l’apparence d’un but précis. La tâche du théoricien du dessein intelligent est de montrer qu’il y a des aspects de la biologie, comme le flagelle bactérien ou d’autres machines moléculaires, qui sont le résultat d’un dessein intelligent, alors que la tâche du darwiniste est de prouver qu’aucun aspect de la biologie n’est le résultat d’un dessein intelligent.

L’un des problèmes de la biologie est que les biologistes ne sont pas des ingénieurs. Les ingénieurs comprennent la difficulté de faire fonctionner les choses. Les biologistes évolutionnistes racontent des histoires comme ça sur la façon dont différentes formes de complexité biologique ont pu se développer, mais il est impossible de tester si ça marche, ou si ça peut marcher, ou quels changements génétiques réels devraient avoir lieu pour produire le système en question.

V Charles Darwin était tout près de devenir vicaire dans l’Église anglicane lorsqu’il fut invité à rejoindre l’expédition scientifique à bord du Beagle. Au bout du compte, il a terminé dans un tout autre endroit religieusement parlant. Il semble que vous ayez opéré un changement d’orientation similaire, mais vous êtes arrivé à la conclusion inverse dans votre recherche.

WD Tout à fait. Mon père était biologiste donc j’ai tout simplement accepté la théorie de l’évolution en grandissant. Je ne l’ai pas étudiée. Au lycée, ça ne faisait pas partie de mes centres d’intérêts.

Je n’ai jamais été athée, mais il est clair qu’au début de ma vie, je n’étais pas chrétien non plus. J’ai ensuite commencé à voir les choses à la lumière du christianisme. J’ai commencé à réfléchir aux implications de ma foi et à lire certaines critiques de la théorie de l’évolution qui avaient du sens à mes yeux, et je n’ai vu aucune raison de rester attaché au darwinisme. Cela me semblait très improbable que les processus matériels supposés commander l’évolution puissent créer cette complexité et diversité biologique. Je fonctionnais à l’époque essentiellement à l’intuition et je n’avais pas une ligne cohérente d’arguments.

La foi en Dieu de Darwin n’a cessé de s’effriter, au point que vers la fin de sa vie, il était convaincu qu’aucune connaissance de Dieu n’était possible – c’était tout simplement un mystère impénétrable. Dans ses idées, il y a une force de la logique qui oblige fortement à prendre une mauvaise direction.

V Comment répondez-vous à ceux qui trouvent que les principes de base du dessein intelligent sont valables mais qui ne sont pas chrétiens ?

WD Je considère que le dessein intelligent est une partie de la révélation divine – la propriété commune de tous. Il est évident que je ne veux pas la refuser à qui que ce soit. Je suis en contact avec des hindous, des bouddhistes, et je les respecte. Je les vois comme des alliés dans la cause du dessein intelligent. En fait, je suis heureux de voir l’importance que prend le dessein intelligent parmi les non chrétiens. Donc je pense qu’il est important d’être bien clair sur le fait que le dessein intelligent n’est pas identique à l’Évangile, qui lui, parle de Jésus-Christ et de son message.

V Est-il vraiment envisageable que l’Occident rejette la théorie de l’évolution, étant donné le préjugé séculier qui existe même dans certaines institutions religieuses ?

WD Pour parler du contexte américain, vous avez une population qui est assez sceptique sur la théorie de Darwin. Je ne pense pas que nous ayons vraiment à faire à quelque chose d’invincible. Les arguments sont de notre côté. Un physicien à MIT [l’Institut de Technologie du Massachusetts] a informé David Berlinski, un collègue qui est contre le darwinisme, qu’il a tout un fan club à l’institut. Ce n’est pas une chose officielle mais il existe déjà beaucoup de doutes et d’oppositions vis-à-vis du darwinisme.

V Quels sont les principaux défis que rencontrent les gens comme vous, partisans du dessein intelligent ?

WD Il y a beaucoup d’ostracisme, d’hostilité – on est considéré comme des fous par la grande majorité de l’establishment académique. Mais il y a aussi le sentiment que nous ne sommes pas des fous ordinaires. Normalement, les fous n’ont pas beaucoup d’influence sur la scène publique, mais aujourd’hui le public est attentif au dessein intelligent. Donc, bien que la population soit majoritairement de notre côté, ce que nous faisons est perçu comme étant une menace et un danger aux yeux de l’élite académique et scientifique. La plupart de mes collègues et moi-même évoluons dans ces cercles, ce qui veut dire que nous faisons face à des situations de conflit.

V De quelle manière le mouvement du dessein intelligent peut-il être encore plus accepté ?

WD Nous avons beaucoup de travail et de clarification à effectuer. La plupart des gens n’ont pas lu nos œuvres. Un de mes collègues a rencontré des personnes d’une commission de l’AAAS [American Association for the Advancement of Science] qui avaient écrit un texte condamnant le dessein intelligent, et il s’est avéré qu’elles n’avaient lu aucun de nos ouvrages de base. Donc on rencontre beaucoup d’ignorance.

Notre plus grand défi est que nous devons nous affairer et nous mettre vraiment à produire. C’est une chose de dire qu’il y a un dessein dans les systèmes biologiques, mais c’en est une autre de confirmer l’idée à l’aide d’une œuvre scientifique théorique et expérimentale saine. C’est en train de se mettre en place – acquérir une vision scientifique des systèmes biologiques, développer un programme de recherche que les scientifiques voudront rejoindre. C’est ça le vrai défi. Le dessein est une notion porteuse. Elle a été mise de côté essentiellement depuis la période de Darwin, elle a donc besoin de collaborateurs talentueux qui puissent la développer.

Mais si vous vous déclarez pour le dessein intelligent dans les sciences, et surtout dans la biologie, cela peut détruire votre carrière. Donc les gens doivent avancer très prudemment s’ils sont engagés envers le dessein intelligent et souhaitent faire de la recherche. Ils doivent cacher leur jeu. Je connais un jeune biologiste qui est l’une des personnes les plus brillantes dans le dessein intelligent, mais toute son œuvre apparaît sur Internet sous un pseudonyme. Il essaie d’être titularisé et le bruit court que lorsqu’il sera titularisé, il ira dans le domaine public. Il y a donc énormément de pression.

« Je connais un jeune biologiste qui est l’une des personnes les plus brillantes dans le dessein intelligent, mais toute son œuvre apparaît sur Internet sous un pseudonyme. Le bruit court que lorsqu’il sera titularisé, il ira dans le domaine public. »

William Dembski

Malgré tout, nous devons être prudents sur le fait de penser que l’establishment académique est complètement mauvais – qu’ils sont là pour empêcher les bonnes idées de voir le jour. Je n’y crois pas. Il y a des moyens d’ouvrir la conversation, et plus nous persistons, plus notre bonne influence va augmenter.

V Quels sont les arguments les plus convaincants en faveur du dessein intelligent ?

WD Le seul fait que nous avons des méthodes fiables pour détecter le dessein intelligent devrait pousser les gens à se poser des questions. Cette possibilité de le détecter est déjà très significative.

Ensuite, il y a la question de ce qui arrive lorsque nous appliquons ces méthodologies aux systèmes biologiques. Nous voyons qu’au niveau subcellulaire,,,, il y a toutes ces machines moléculaires, d’une immense complexité, qui ont résisté aux explications de Darwin, et lorsque ces méthodes de détection de dessein leur sont appliquées, elles indiquent de plus en plus un centre d’intelligence.

Nous avons fait dans ces domaines d’énormes progrès, mais il reste encore beaucoup à faire. Une fois que le dessein a été établi – une fois qu’il a été montré que les mécanismes matériels sont inadéquats pour expliquer la complexité biologique – alors toute une série de nouvelles questions se posent.

Une en particulier est que l’histoire a eu un réel effet sur la biologie. Une évolution, jusqu’à un certain degré, a eu lieu. Donc jusqu’à quel point l’histoire, la sélection naturelle, la variation aléatoire et les forces matérielles ont-elles été significatives dans l’évolution biologique ? Nous voyons que les artefacts, ou les systèmes conçus, sont sujets à l’érosion et à l’usure – les effets des forces naturelles sur eux. Dénicher les effets de ces forces naturelles parmi l’effet du dessein intelligent devient donc un programme de recherche important.

V Pensez-vous que le dessein intelligent devrait être enseigné à côté de l’évolution dans les écoles publiques ?

WD Je pense qu’il mérite d’être enseigné à côté de l’évolution biologique, ne serait-ce parce que l’évolution biologique est difficilement prouvable. C’est une théorie piteuse en termes de preuves fournies. Je pense que des alternatives méritent leur place.

Mais l’approche de mes collègues au Discovery Intitute est plus progressive : ils considèrent que le dessein intelligent se situe à un niveau où il ne peut pas être encore enseigné de manière parfaitement efficace. Actuellement, nous manquons de matériel pédagogique. Ainsi, leur approche consiste davantage à permettre que la théorie de Darwin soit critiquée que d’enseigner le dessein intelligent. Et des critiques concernant les faiblesses de la théorie, vous en trouvez dans la littérature biologique traditionnelle. Vous n’avez pas besoin de chercher ces critiques parmi les partisans du dessein intelligent.

Ceci dit, mes collègues et moi-même, nous sommes contre le fait de forcer l’enseignement du dessein intelligent. Le but, c’est de donner le choix aux commissions scolaires et aux professeurs. Mais même cette vue rencontre une résistance féroce de la part de groupes de lobby tels que le NCSE [National Center for Science Education, ou en français : Centre national pour l’éducation scientifique]. Il y a beaucoup d’intimidation sociale et judiciaire en ce moment – ces groupes approchent les commissions scolaires et les professeurs pour essayer de les pousser, souvent sous la menace de poursuites judiciaires, à refuser la critique et ne pas permettre que le dessein intelligent soit enseigné.

V De quelle manière considérez-vous la relation qui existe entre la science, votre domaine, et le matérialisme en tant que concept philosophique – l’idée que seul le monde matériel est réel ?

WD Mon approche est en plein désaccord avec le matérialisme. Si le dessein peut être détecté dans les systèmes naturels, le matérialisme est alors mort. Le matérialisme est un programme en deux points : au niveau fondamental de la réalité, il y a des entités matérielles, sans dessein, sans intelligence. Et puis il y a l’histoire, il y a le progrès – ces entités matérielles dépourvues d’intelligence évoluent avec le temps, et vous avez ainsi une évolution cosmique est biologique. Le programme matérialiste dit que vous pouvez tout expliquer dans la nature en vous basant sur l’évolution dans le temps des entités matérielles. C’est une prétention métaphysique, et non une prétention scientifique.

« Le programme matérialiste dit que vous pouvez tout expliquer dans la nature en vous basant sur l’évolution dans le temps des entités matérielles. C’est une prétention métaphysique, et non une prétention scientifique. »

William Dembski

Mais qu’est-ce qui peut remettre ça en question, scientifiquement parlant ? Que devrions-nous chercher ? En tant que philosophe, il est évident que vous pouvez demander si le matérialisme est la seule option. Et il est clair que non. Ensuite vous pouvez demander quels sont les signes de dessein intelligent que nous trouvons. Les partisans du matérialisme se replient toujours sur des spéculations métaphysiques supplémentaires. Voilà ce que vous voyez dans la physique à l’heure actuelle : des univers bulle, des mondes multiples. Au lieu qu’il y ait seulement « notre » univers, il y a plusieurs univers. Si vous avez plusieurs univers, il y a plusieurs loteries, pour ainsi dire, dans lesquelles la vie pourrait émerger. Donc ce qui semble improbable du point de vue de notre univers physique connu pourrait en fait être assez probable du point de vue des univers multiples.

Vous pouvez toujours éviter la conclusion du dessein intelligent. Néanmoins, les méthodes de détection de dessein mettent la pression sur la vue matérialiste, parce que le scientifique ne veut pas reculer vers le hasard. Vous pouvez dire : « Pourquoi cette chose a eu lieu ? Hé bien, elle a eu lieu par hasard. » Arrivé à ce point, vous n’avez plus besoin de la théorie de Darwin, vous pouvez tout simplement évoquer le hasard pour chaque étape du changement évolutionnaire. 

Donc le programme du dessein intelligent met vraiment la pression sur le système matérialiste. Ces systèmes sont en profond désaccord, et je pense que l’autre camp ressent la pression. C’est une des raisons pour lesquelles ils sont si contrariés

V La science est basée sur l’observation. Et pourtant, l’idée d’univers multiples ou parallèles n’est certainement pas basée sur l’observation. Ces personnes, qui commencent à penser de la sorte, n’ont-elles pas abandonné le cœur de leur métier ?

WD Vous faites une très bonne remarque. Un livre écrit il y a quelques années par David Lindley et intitulé The End of Physics (la fin de la physique), faisait remarquer que la physique moderne nous a fourni un énorme dispositif technique et beaucoup de mathématiques, mais qu’à la base, elle n’était pas différente de la mythologie lorsque ça va trop au-delà du domaine de la preuve empirique. Par exemple, le super collisionneur supraconducteur était supposé découvrir une nouvelle particule majeure, selon les conjectures de la physique des particules. Mais Lindley a montré qu’après ça, pour découvrir la particule suivante, il fallait un accélérateur qui ait un diamètre aussi grand que celui du système solaire – de toute évidence, une tâche technologiquement impossible. Donc en fait, il n’y a aucun moyen de confirmer de manière expérimentale cette particule suivante. Ce qui signifie que la théorie dépasse les possibilités de justification empirique.

Les physiciens essaient de contourner ce problème à l’aide du concept d’univers multiples. Mais lorsque nous insistons vraiment sur ce problème, nous nous apercevons qu’il n’y a aucune confirmation empirique de ces mondes multiples ou de ces nombreuses choses dont on parle de plus en plus en cosmologie.

V Si l’on n’a pas un plan ou une liste de pré-spécifications comment savoir si quelque chose est en fait le résultat d’un dessein ?

WD Les pré-spécifications, où nous savons déjà ce que nous cherchons, rendent le dessein particulièrement évident. Mais lorsque des modèles sont découverts après le fait, nous nous demandons s’il aurait été possible de reconstruire ce modèle indépendamment du fait de l’avoir vu. Et souvent c’est le cas. Regardez par exemple le flagelle bactérien. C’est essentiellement une hélice rotative entraînée par un moteur. Bon, ce fait n’a été découvert que dans les années 20. Quand les hélices rotatives entraînées par un moteur ont-elles été inventées ? Bien avant les années 20. Donc dans ce cas, vous avez une machine subcellulaire qui a été essentiellement inventée préalablement par les humains. Lorsque vous rencontrez ce genre de similarité, je ne pense pas qu’il soit juste de dire que nous trouvons ce modèle après le fait et que par conséquent, nous l’inventons au fur et à mesure que nous avançons. Il y a là un défi au niveau du dessein. En fait, on peut souvent dire que l’on a à faire à des artefacts, ou des systèmes qui ont un dessein, même si l’on ne possède qu’un minimum d’informations.

V Lorsque les archéologues cherchent des outils en pierre, ils n’ont pas besoin de trouver une pointe de flèche taillée de façon élaborée pour en conclure qu’un objet a été fabriqué par l’homme. Y a-t-il là un parallèle avec la complexité irréductible, dans le sens que l’on n’a pas besoin d’une structure cellulaire qui possède des millions d’éléments pour reconnaître que cette structure ne s’est pas faite par hasard ?

WD En fait, j’irais encore plus loin que ça. Même les structures les plus simples au niveau biologique sont immensément complexes. C’est vrai, il y a une certaine simplicité au niveau des bases nucléotides et des acides aminés. Mais dès que vous commencez à accrocher les acides aminés pour former des protéines, ou des bases d’ADN pour former la double hélice, il y a une énorme complexité. Une protéine moyenne fait environ 250 acides aminés de longueur – cela représente 20250 variations possibles. Donc trouver au hasard un acide aminé particulier est très improbable. Environ 40 protéines différentes sont impliquées dans le flagelle bactérien, et il faut qu’elles soient dans les bonnes proportions. La queue en forme de fouet est faite d’environ 20 000 sous unités de protéines ; d’autres parties peuvent avoir quelques centaines de sous unités d’une protéine particulière. Donc tout ça est extrêmement complexe.

L’analogie avec l’archéologie s’arrête au niveau suivant : souvent, les archéologues savent à l’avance qu’ils ont à faire à des êtres humains sur un site particulier. Ils ont en effet trouvé d’autres artefacts dans les environs. Donc, en se penchant sur certaines pierres, toutes ces informations seront utilisées pour dire : « C’est un artefact et pas seulement un morceau de pierre quelconque. »

Mais lorsque nous examinons des machines moléculaires, nous voyons des machines qui sont absolument superbes. Howard Berg, d’Harvard, appelle le flagelle bactérien « la machine la plus efficace de l’univers ». Donc on n’est pas en train de se pencher sur quelque chose qui ressemble à première vue à un simple morceau de pierre quelconque mais qui, en regardant de plus près, s’avère être sans doute une pointe de flèche. On examine quelque chose qui est, sans l’ombre d’un doute, très finement taillé. Imaginez une pointe de flèche qui a été minutieusement taillée, de manière très symétrique. Elle a été peinte. Elle a été signée par l’artiste ou par le fabricant. C’est le genre de choses que nous examinons en biologie.

V On a souvent parlé du flagelle et on en a souvent montré des illustrations. Mais combien d’autres machines ont été découvertes ?

WD Le flagelle bactérien a eu une grande importance. Ceci dit, comme Behe l’a fait remarquer, la plupart des protéines dans la cellule sont intrinsèquement impliquées avec au moins six à dix autres protéines. Donc ces machines à protéines – les machines moléculaires – sont présentes partout.

Le problème que rencontrent les biologistes évolutionnistes n’est pas seulement le fait qu’ils n’ont pas expliqué le flagelle bactérien, mais aussi le fait qu’ils n’ont expliqué aucune de ces machines en des termes évolutionnistes darwiniens. Des personnes comme James Shapiro, célèbre biologiste moléculaire de l’Université de Chicago, et Franklin Harold, biologiste cellulaire à l’Université de Colorado State, disent, en des termes identiques, qu’il n’y a pas de chemins darwiniens détaillés menant à ces systèmes. Et puis ils font exactement le même commentaire : « Seulement une variété de douces spéculations ».

Et c’est bien là le problème. Si le darwinisme était une théorie parfaitement réussie, nous ne serions pas en train d’avoir cette conversation. C’est précisément à cause de son insuffisance à expliquer de tels systèmes, et de la plausibilité grandissante du dessein intelligent dans son explication des systèmes de manière scientifique et constructive, que nous avons cette conversation.