Intelligence de conception

Darwin's Black Box—The Biochemical Challenge to Evolution

Michael J. Behe. 1996. The Free Press, a division of Simon and Schuster, Inc., New York. 307 pages.

Nature's Destiny: How the Laws of Biology Reveal Purpose in the Universe

Michael J. Denton. 1998. The Free Press, a division of Simon and Schuster, Inc., New York. 454 pages.

The Design Inference: Eliminating Chance Through Small Probabilities

William Dembski. 1998. Cambridge University Press, Cambridge. 243 pages.

La lecture de cet article vous emporte inconsciemment dans un processus extraordinaire. Des photons de lumière, réfléchis par la page, traversent la cornée de votre oil. Ces petits paquets d'énergie, que le cristallin concentre sur la rétine à l'arrière de l'oil, déclenchent une séquence complexe de réactions chimiques au niveau des récepteurs photosensibles - bâtonnets et cônes composant la rétine - lesquels émettent à leur tour des impulsions électriques vers le cerveau. Celui-ci, appliquant un processus incompris des scientifiques, traduit ces impulsions en une image mentale. Ainsi sommes-nous capables de voir la forme des lettres et des mots, ces mots qui transmettent idées et concepts. Les pensées qui, auparavant, résidaient dans le cerveau de l'auteur peuvent de cette manière être communiquées à celui du lecteur.

Le processus biochimique impliqué dans notre capacité à voir est l'un de ceux qu'aborde Michael J. Behe dans son ouvrage, Darwin's Black Box, The Biochemical Challenge to Evolution (1996).

Pendant presque 150 ans, la réflexion scientifique a été dominée par la philosophie de l'évolution. La conviction selon laquelle toute l'incroyable diversité de la vie peut s'expliquer par des mécanismes purement naturalistes est passée d'un acquiescement enthousiaste dans les dernières années du XIXe siècle à un dogme strict au siècle suivant. Il ne faut pas croire que la théorie de l'évolution ait échappé à des assauts répétés, mais ceux-ci ont été repoussés, le plus souvent parce qu'ils étaient menés par des bigots dont la croyance fondamentale en un Dieu au pouvoir surnaturel est déniée par nombre de scientifiques pour cause de fondement non scientifique. Les arguments de M. Behe qui, eux, s'appuient sur une observation et une analyse méthodiques, ne sont pas si faciles à écarter.

Le titre de son livre s'inspire du concept de la « boîte noire » : appareil qui fait quelque chose, mais dont les opérations internes sont mystérieuses, soit parce qu'elles sont invisibles, soit parce qu'elles sont tout simplement incompréhensibles. (p. 6).

Avant la mise au point du microscope, on ne pouvait voir que l'anatomie à grande échelle des créatures vivantes, mais comme leur fonctionnement global était inconnu, l'organisme, dans son ensemble, était en fait une boîte noire. Avec l'invention du microscope, on a été capable de voir que tout organisme se composait de cellules, mais que la cellule elle-même était une boîte noire. Plus tard, les microscopes électroniques ont permis aux scientifiques de voir les structures sous-cellulaires à l'intérieur d'une cellule, mais le fonctionnement de ces organites relevait lui aussi d'une boîte noire. Depuis l'apparition de la radiocristallographie et d'autres techniques telles que la résonance magnétique nucléaire, il est possible de déterminer la position de chaque atome au sein d'une molécule. L'intérieur de la dernière boîte noire est désormais visible.

M. Behe soutient que les arguments en faveur de l'évolution, tels qu'ils sont énoncés depuis le moment de la publication par Charles Darwin de De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle en 1859 jusqu'à nos jours, sont erronés puisqu'ils se fondent sur des généralisations, et non sur une appréhension précise de la véritable nature de la vie au niveau biochimique. Ainsi affirme-t-il à la page 15 de son livre :

Adoptant la théorie de C. Darwin, bien des gens ont proposé de fragmenter les mutations importantes en petites étapes plausibles échelonnées sur de longues périodes. Aucune preuve solide à l'appui de cette opinion ne s'est cependant dégagée. [...] Avec l'arrivée de la biochimie moderne, nous sommes désormais capables d'observer le fin fond de la vie. Nous avons aujourd'hui la possibilité d'évaluer clairement si les petites étapes supposées nécessaires à la réalisation d'évolutions importantes sont encore suffisamment découpées. [...] La biochimie a poussé la théorie de C. Darwin à l'extrême. En effet, elle a ouvert la dernière boîte noire, la cellule, nous permettant ainsi de comprendre le fonctionnement de la vie. C'est l'étonnante complexité des structures organiques sous-cellulaires qui suscite l'interrogation suivante : « Comment tout cela a-t-il pu évoluer ? »

UNE SIMPLE COMPLEXITÉ

Michael Behe emploie le terme « complexité irréductible » pour exprimer son argument de base à l'encontre de la théorie de l'évolution de C. Darwin. À la page 39 de son livre, il explique que C. Darwin lui-même, dans De l'origine des espèces, signalait un moyen de réfuter son analyse : « Si on pouvait démontrer qu'un organe complexe quelconque a existé sans qu'il ait pu s'être formé par une longue série de légères modifications, ma théorie s'effondrerait complètement » . M. Behe définit une complexité irréductible comme étant « un système isolé, composé de plusieurs parties en interaction, adaptées les unes aux autres afin de participer à la fonction élémentaire de sorte que le retrait de l'une d'elles provoque l'arrêt effectif du fonctionnement de l'ensemble » (p. 39).

« Si on pouvait démontrer qu’un organe complexe quelconque a existé sans qu’il ait pu s’être formé par une longue série de légères modifications, ma théorie s’effondrerait complètement » .

Charles Darwin, De l’origine des espèces

Il prend la tapette à souris comme exemple de système simple, quoiqu'irréductiblement complexe. Elle ne comprend que cinq pièces et quelques fixations ; pourtant, chaque pièce doit être disponible pour que le piège opère. Elles doivent non seulement être toutes présentes, mais aussi à la dimension appropriée et à la position correcte, tout en ayant des propriétés particulières leur permettant de remplir leur fonction au sein du système : le ressort doit être capable de fermer le marteau suffisamment fort pour tuer une souris ; quant au socle, il faut qu'il soit assez rigide pour tenir le marteau en position, une fois le piège installé, etc.

Le problème de la théorie de l'évolution réside dans son incapacité à expliquer comment toutes les pièces d'un système irréductiblement complexe ont pu s'assembler d'un seul coup dans la configuration exacte nécessaire pour assurer une fonction spécifique. Si un système d'une complexité irréductible n'a pas toutes ses pièces, il ne fonctionne pas ; s'il ne fonctionne pas, il n'apporte rien à l'organisme ; dans bien des cas, sans un système opérant correctement, l'organisme ne pourrait pas survivre. Il faudrait donc que tous les composants d'un système irréductiblement complexe apparaissent au même moment. En d'autres termes, un tel système ne pourrait pas se former par « une longue série de légères modifications » . C'est précisément dans ce cas que C. Darwin admettait que sa théorie « s'effondrerait complètement ».

Dans les chapitres qui suivent, M. Behe décrit, avec force détails techniques, un certain nombre de systèmes biochimiques « d'une complexité irréductible » : le cil qui permet aux cellules de nager et les flagelles grâce auxquelles les bactéries se propulsent ; le processus de coagulation sanguine ; le système par lequel les cellules transportent des substances d'une partie de la cellule dans une autre ; le processus qui permet aux cellules d'identifier une substance étrangère afin que celle-ci soit attaquée et éliminée ; le système qui réalise la synthèse d'un seul composant de cellule. Dans chaque cas, il met en évidence les raisons pour lesquelles ces systèmes n'ont pas pu se mettre au point selon un processus progressif, petit à petit, comme l'exigerait la théorie de C. Darwin.

Selon lui, beaucoup d'autres systèmes de ce type existent et la théorie de C. Darwin ne peut pas non plus les expliquer avec vraisemblance :

Aux chapitres 3 et 6, j'ai abordé de manière très détaillée plusieurs systèmes biochimiques irréductiblement complexes afin de montrer pourquoi ils ne pouvaient pas avoir été formés progressivement. Ces précisions étaient indispensables pour que le lecteur comprenne parfaitement les problèmes posés. Comme j'ai passé beaucoup de temps sur ceux-là, je n'ai pas pu me consacrer à d'autres systèmes biochimiques ; cela ne signifie pas qu'ils ne soulèvent pas non plus de questions à l'égard du darwinisme. Il existe une multitudes d'autres cas de complexité irréductible [p. 160].

CONÇUS POUR LA VIE

Avant que la vie ait subi quelque évolution que ce soit, elle devait elle-même exister. L'origine de la vie fait également partie des obstacles importants de l'évolution. M. Behe aborde ce point, puis souligne que les partisans de cette théorie n'apportent aucune preuve expérimentale. Il déclare :

En privé, bien des scientifiques admettent que la science ne fournit aucune explication sur le commencement de la vie. Par ailleurs, bien d'autres pensent que, l'origine de la vie étant donnée, l'évolution qui s'ensuit est facile à envisager en dépit des difficultés majeures décrites dans ce livre. Cette situation vient du fait que, pendant que des chimistes testent des scénarios sur l'origine de la vie par expérimentation ou calcul, les biologistes évolutionnistes ne tentent rien pour essayer des scénarios d'évolution au niveau moléculaire, ni par expérimentation ni par calcul [pp. 172-173].

M. Behe poursuit sa critique de l'orthodoxie darwinienne dans le cadre éducatif. Il remarque notamment : « De nombreux étudiants apprennent dans des manuels à observer le monde à travers les lunettes de l'évolutionnisme. En revanche, ils n'apprennent pas comment une évolution darwinienne est susceptible de produire l'un des systèmes biochimiques extraordinairement élaborés que ces textes décrivent » (p. 183).

À partir de cette idée et de bien d'autres, une conclusion s'impose :

Quelqu'un qui ne se sent pas obligé de restreindre ses recherches à des causes dénuées d'intelligence conclura sans détours que de nombreux systèmes biologiques ont été conçus. Ils l'ont été ni par les lois de la nature, ni même par hasard ou par nécessité ; ils ont été planifiés. [...] La vie sur terre à son niveau le plus fondamental, dans ses composants les plus essentiels, est le produit d'une intelligence active. La démonstration d'une conception intelligente découle naturellement des données elles-mêmes - non de livres sacrés ou de croyances sectaires [p. 193].

Admettre cette notion de conception intelligente est crucial pour réfuter la proposition évolutionniste selon laquelle la vie a été constituée par des motivations naturelles non organisées. En quoi consiste une conception ? D'après M. Behe, « il y a indéniablement conception quand un certain nombre de composants indépendants en interaction sont ordonnés de manière à réaliser une fonction qui dépasse chacun d'eux » (p. 194).

Comme William Paley l'explique dans Natural Theology, si nous trébuchons sur une montre au milieu d'un champ, nous savons qu'elle a eu un concepteur et un fabricant puisque toutes ses pièces sont façonnées exactement pour ouvrer ensemble dans un même but : indiquer l'heure. Il en va de même pour les opérations internes d'une cellule, alors que celle-ci est immensément plus compliquée et qu'elle se compose de pièces immensément plus nombreuses, toutes conjuguant leur travail pour préserver et multiplier la vie.

« L’aboutissement est tout à fait dépourvu d’ambiguïté, et si parlant qu’il doit être classé comme l’une des plus importantes réalisations dans l’histoire de la science. »

William Paley, Natural Theology

Dans sa conclusion, M. Behe déplore la réponse de la communauté scientifique à la conception évidente dans la complexité de la cellule et de ses systèmes biochimiques : Le résultat de ce cumul de recherches sur la cellule - afin d'étudier la vie au niveau moléculaire - est un cri perçant, fort et clair : « conception ! ». L'aboutissement est tout à fait dépourvu d'ambiguïté, et si parlant qu'il doit être classé comme l'une des plus importantes réalisations dans l'histoire de la science. [...] L'ampleur de la victoire, acquise à un tel coût, grâce à un travail persévérant au fil des décennies, devrait provoquer des explosions de bouchons de champagne dans des laboratoires du monde entier. [...] Mais aucune bouteille n'a été débouchée. [...] Pourquoi les milieux scientifiques n'adoptent-ils pas sans retenue leur sensationnelle découverte ? [...] Le dilemme est celui-ci : tandis qu'un côté du mastodonte porte l'étiquette « conception intelligente » , l'autre pourrait être appelé « Dieu » [pp. 232-233].

À L'ÉPREUVE DE L'EAU

Quoique M. Behe appartienne sans conteste à la minorité, il n'est pas le seul dans la communauté scientifique à être convaincu qu'une conception intelligente est manifeste de par la nature des choses vivantes. Dans un livre publié en 1998, Nature's Destiny : How the Laws of Biology Reveal Purpose in the Universe, Michael J. Denton assure que l'univers lui-même a été conçu de sorte que la vie soit possible.

M. Denton se distingue de M. Behe par sa philosophie de base. Cependant, il parvient à la même conclusion : l'élaboration de la vie n'a pas obéi à un processus non organisé et la nature des organismes vivants amène clairement à une conception intelligente. Pour lui, la vie est le résultat inévitable de la façon dont l'univers a été instauré au départ. Il affirme que les lois de la physique-chimie ont été définies de sorte qu'elles se développent, non pas au hasard mais selon une organisation précise, jusqu'à aboutir à la création de la vie, le produit fini visé étant l'homo sapiens. Dans son livre, M. Denton veut démontrer « que le cosmos est extraordinairement adapté à l'existence humaine » .

Il élargit son argument en montrant « l'adéquation » des divers aspects de l'univers physique qui nous entoure, ce dernier étant adapté à l'élaboration et à l'existence de la vie telle que nous la connaissons. Il souligne que nous considérons comme acquises bien des choses dans le monde : « c'est comme ça, un point c'est tout ». Pourtant, c'est précisément parce que ces choses possèdent ces caractéristiques-là que la vie est tout à fait possible.

Pour démontrer ce point, M. Denton passe en revue toute la gamme des phénomènes naturels, de la nature de l'univers à la structure de l'ADN, mettant chaque fois en évidence que les choses sont exactement telles qu'elles doivent être pour que la vie existe. Il en déduit que les lois de la nature ont été mises en accord afin de permettre la vie.

L'un des aspects de l'univers que traite Nature's Destiny est l'eau. Celle-ci présente de nombreuses caractéristiques parfaitement harmonisées afin de remplir son rôle de « matrice de la vie ».

L'eau possède des propriétés thermiques uniques. En effet, elle se contracte en refroidissant, mais seulement jusqu'à une température de 4 °C ; en deçà, elle se dilate, contrairement à la quasi totalité des substances. Ainsi, l'eau la plus froide reste à la surface, où elle gèle. Le fait qu'elle se dilate sensiblement en se solidifiant peut rester du domaine de la curiosité ; toutefois, M. Denton, à l'instar d'autres avant lui, note que dans le cas contraire, presque toute l'eau sur terre serait prise dans les glaces au fond des océans, ne laissant qu'une fine couche de liquide en surface. La plupart de l'eau de la planète serait alors inaccessible, donc inutilisable dans l'environnement.

Par ailleurs, en s'évaporant, elle absorbe la chaleur ambiante. Ce phénomène s'appelle la chaleur latente d'évaporation. L'eau possède la chaleur latente d'évaporation la plus élevée de tous les liquides à températures normales. À la page 29, M. Denton cite The Fitness of the Environment, ouvrage datant de 1913, écrit par Lawrence Henderson, professeur de chimie biologique à l'université américaine de Harvard :

Pour résumer, cette propriété (la chaleur latente d'évaporation) paraît importante à trois titres : d'abord, elle est très performante pour corriger et modérer la température planétaire ; ensuite, elle permet une régulation particulièrement efficace de la température des organismes vivants ; enfin, elle favorise le cycle atmosphérique. Tous ces effets sont de vrais maxima puisqu'aucune autre substance n'est comparable à l'eau à cet égard.

Outre ces propriétés très inattendues, l'eau possède une faible viscosité. En termes simples, elle coule facilement. Si ce n'était pas le cas, les poissons auraient des difficultés pour s'y déplacer et, au-delà d'une certaine valeur, ils ne pourraient pas y respirer, donc pas y vivre du tout. De même, si la viscosité de l'eau était beaucoup plus élevée, nos cours, étant donné les contraintes de dimensions et de tissus des organismes vivants, ne seraient pas assez puissants pour pomper le sang de nos capillaires. Comme le remarque M. Denton, « un système capillaire ne fonctionne que si le fluide pompé via ses composants tubulaires présente une très faible viscosité. Ce point est essentiel puisque le débit est inversement proportionnel à cette valeur. Doubler la viscosité diminue le débit de moitié » (p. 35).

Cette qualité de l'eau est considérablement renforcée par un principe connexe que M. Denton mentionne (p. 37) à partir d'un article de 1959 publié dans Scientific American : « The Flow of Matter » (Le flux de la matière). L'auteur, Marcus Reiner y déclare que « quand un fluide manquant d'homogénéité, contenant des particules en suspension comme le sang, est contraint de passer dans un tube, il présente un comportement curieux : si la pression est doublée, le débit peut tripler. De façon étonnante, sa viscosité diminue avec l'augmentation de la pression ».

M. Denton poursuit avec quelques autres caractéristiques vitales de l'eau. Sa tension superficielle élevée, notamment, est cruciale pour les plantes ; elle leur permet d'amener l'eau jusqu'aux extrémités des ramifications des arbres les plus hauts. Il cite aussi sa capacité à dissoudre un très grand nombre de substances. L'eau est un fluide unique. Si elle n'existait pas, si elle ne possédait pas les caractéristiques précises qu'elle a, la vie serait tout simplement impossible.

Après avoir étudié l'adéquation de l'eau à la vie, M. Denton applique une analyse similaire à l'adéquation de divers autres facteurs essentiels. Il consacre un chapitre à chacun : la lumière, les éléments et la terre, le carbone, les gaz vitaux (oxygène et gaz carbonique), la double spirale de la structure de l'ADN et de l'ARN, les protéines utilisées en nanomanipulation, les métaux, ainsi que la cellule elle-même.

UNE INTÉGRATION POUSSÉE

Dans son introduction à un chapitre critique de l'évolution darwinienne, M. Denton déclare :

Les contraintes inhérentes aux systèmes complexes défient l'idée d'évolution non organisée par le fait que [...] tous les sous-systèmes sont fortement intégrés. [...] Au-delà du stade banal, tout changement nécessite obligatoirement des ajustements orientés intelligemment dans de nombreux sous-systèmes en interaction. Dans ce contexte, il est difficile de comprendre comment une évolution non dirigée, passant par une série de transformations indépendantes, pourrait produire un concept radicalement différent dans un ensemble aussi complexe qu'un organisme vivant [p. 321].

M. Denton illustre son explication d'un système complexe fortement intégré à l'aide de la montre : « Tout examen sommaire de la structure d'une montre [...] met en évidence que si l'on doit remplacer un rouage, et si la fonction de l'objet (indiquer l'heure) doit être préservée, des modifications parallèles d'ajustement doivent être effectuées dans la chaîne des roues dentées. En fait, il faut reconcevoir toute la montre » (p. 328).

M. Denton poursuit ainsi :

Toutes les présentations des modèles non organisés de mutation évolutionniste esquivent la manière dont des systèmes fortement intégrés comme les organismes peuvent subir une transformation permanente au niveau de certains composants ou sous-systèmes sans recourir à des « modifications intelligentes d'ajustement ». Dans tous les cas, les arguments darwiniens isolent artificiellement un composant ou un organe particulier, tel que l'oil, du système extrêmement complexe dans lequel il est imbriqué. Après cette commode séparation des interconnexions fonctionnelles organe-organisme et de leurs contraintes, il devient relativement aisé d'envisager un organe ou une structure connaissant un changement progressif via une longue série de formes intermédiaires hypothétiques. En conséquence, les explications darwiniennes paraissent souvent vraisemblables au prime abord [p. 331].

En outre, l’adéquation de chacun des composants de toute vie et de l’univers atteste de l’existence d’un concepteur intelligent dont nous sommes l’ouvrage.

C'est sur ce point que se rejoignent les observations de M. Behe dans Darwin's Black Box et celles de M. Denton dans Nature's Destiny. Les organismes vivants témoignent de l'existence d'une intelligence capable de concevoir et d'animer à la fois les systèmes d'une complexité irréductible qui se trouvent au niveau biochimique, et les systèmes complexes aux interconnexions poussées présents dans tous les organismes. En outre, l'adéquation de chacun des composants de toute vie et de l'univers atteste de l'existence d'un concepteur intelligent dont nous sommes l'ouvrage.

UNE CHANCE INFIME

Les conclusions des deux livres s'accordent avec les résultats d'autres travaux publiés dernièrement : The Design Inference : Eliminating Chance Through Small Probabilities, de William Dembski.

Déduire qu'un événement s'est produit à dessein plutôt que par hasard se fonde sur « la loi des faibles probabilités », selon laquelle des événements spécifiques ayant une faible probabilité d'occurrence (cette valeur dépendant d'autres facteurs) ne se produisent pas par hasard.

Comme exemple, W. Dembski prend un agent électoral qui, soi-disant par pure coïncidence, choisit le nom de son parti politique pour qu'il apparaisse sur la première ligne du bulletin de vote (plus favorable) 40 fois sur 41. La probabilité que cela se produise par hasard étant inférieure à 1 sur 50 milliards, le tribunal a déclaré : « Face à de tels chiffres, rares sont les personnes raisonnables qui accepteront la chance absolue pour justifier cette situation » (p. 10).

Pouvoir expliquer l'occurrence d'un événement particulier en éliminant le hasard à partir d'une base solide est important dans bien des domaines, tels que la protection de la propriété intellectuelle, les enquêtes criminelles, la détection d'une falsification de données dans des études scientifiques, et la cryptographie. C'est aussi un argument essentiel dans le débat création-évolution.

Pour illustrer le fonctionnement du principe conclusif de conception, W. Dembski avance une série de six prémisses qui, si on est convaincu de leur véracité, mènent à la conclusion que la vie est le résultat d'une conception, non ddu hasard. Selon l'analyse de W. Dembski sur la controverse création-évolution, les deux camps sont confrontés au puissant argument présenté par le principe de conception. Pour contrarier la démonstration, les évolutionnistes déclarent que la probabilité de la vie n'est pas trop faible, étant donné l'étendue de l'univers et si l'on tient compte d'une durée de temps illimité. Quant aux partisans de la création, ils affirment qu'il n'y a pas assez de temps ou d'espace pour justifier la vie, avec toute sa complexité et son interconnectivité, autrement que par une conception intelligente.

L'argumentaire des premiers ne se fonde sur aucune preuve solide, ni même aucune théorie, qui pourrait expliquer la complexité irréductible des systèmes biochimiques de M. Behe ou l'immense complexité des systèmes intégrés présentée par M. Denton. Comme l'ont noté les deux auteurs, les évolutionnistes utilisent des arguments généraux qui ne parviennent pas vraiment à expliciter les points de détail.

L'existence de lois harmonisées et de propriétés pour tous les éléments qui permettent la vie, l'étonnante complexité des organismes vivants et les systèmes merveilleusement complexes qui composent chaque cellule de toute chose vivante, amènent inévitablement à la conclusion que l'univers et toutes les choses vivantes qu'il contient sont le résultat d'une intelligence de conception.

Il y a près de 2000 ans, l'apôtre Paul soumettait la même conclusion : « La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive, car ce qu'on peut connaître de Dieu est manifeste [évident] pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître. En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'oil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables » (Romains 1 : 18-20).

VOIR LA CONCEPTION

Tous trois, M. Behe, M. Denton et W. Dembski, soulignent que la déduction d'une conception intelligente s'appuyant sur la preuve factuelle de l'univers physique ne fournit pas le nom du concepteur. Pourtant, celui-ci n'a pas laissé l'humanité sans révéler son existence et son identité.

La toute première déclaration que Dieu fait sur lui-même dans sa parole, inspirée par lui et préservée de manière providentielle, est : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » (Genèse 1 : 1). En s'adressant aux intellectuels athéniens du premier siècle, l'apôtre Paul expliquait : « Hommes Athéniens, je vous trouve à tous égards extrêmement religieux. Car, en parcourant votre ville et en considérant les objets de votre dévotion, j'ai même découvert un autel avec cette inscription : À un dieu inconnu ! Ce que vous révérez sans le connaître, c'est ce que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve [...] » (Actes 17 : 22-24).

La beauté et la complexité de la vie devraient nous amener à vénérer Dieu, à l'instar du roi David il y a trois mille ans : « Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes ouvres sont merveilleuses [...] » (Psaumes 139 : 14). Déjà, il avait écrit : « Quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains, la lune et les étoiles que tu as créées : Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui [...] ? » Psaumes 8 : 4-5). La technologie moderne a dévoilé une immensité de l'univers que David, et d'autres avant lui, ne pouvaient pas appréhender - une telle immensité que toute une vie ne nous permettrait d'en traverser qu'une partie infinitésimale, même si nous pouvions voyager à la vitesse de la lumière. Soixante-dix années-lumière n'amènent pas quelqu'un bien loin en termes cosmiques !

Les photons de lumière qui frappent nos yeux pendant que nous observons un ciel nocturne ont voyagé sur des distances énormes avant de nous atteindre. Ils déclenchent une réaction biochimique irréductiblement complexe qui se traduit par la vue. Toutefois, la vision oculaire n'est rien comparée à la vision intérieure de notre esprit.

Cette revue a pour but d'affiner cette vision, afin de détecter la vérité dans un monde perturbé par de fausses informations, d'appréhender l'espoir dans un monde opprimé par le mal, et de percevoir le dessein de Dieu dans un monde en marche dans l'obscurité spirituelle.