La vérité nous est plus étrangère qu'autrefois

L’humanité a toujours été en quête de connaissances et de réponses aux grandes interrogations. Or, chaque fois que ces réponses l’ont laissé insatisfaite, elle s’est lancée dans toutes sortes de nouvelles directions imaginatives.

Du haut de son mur, Humpty-Dumpty déclara à Alice d’un ton dédaigneux : « Lorsque moi j’emploie un mot, il signifie exactement ce qu’il me plaît qu’il signifie […] ni plus, ni moins ».

Un peu déconcertée, Alice répondit : « La question est de savoir si vous avez le pouvoir de faire que les mots signifient autre chose que ce qu’ils veulent dire ».

Humpty-Dumpty rétorqua : « La question est de savoir qui sera le maître […] un point c’est tout » (Traduction H. Parisot, Flammarion).

L’attitude de Humpty-Dumpty est malheureusement monnaie courante aujourd’hui. La Vérité est devenue ce que nous souhaitons qu’elle soit, un point c’est tout. C’est nous qui décidons. Nous sommes la référence, nous nous posons en maîtres. Les vieux concepts traditionnels semblent n’avoir pas bougé et l’on en parle de la même façon, mais ils n’ont plus la même signification qu’auparavant.

Un consensus existe évidemment sur des vérités telles que « deux plus deux égalent quatre » et « la terre tourne autour du soleil », mais y a-t-il un corpus de vérité qui clarifie les grandes questions fondamentales : « Qui sommes-nous ? Pourquoi sommes-nous ici ? Comment sommes-nous censés agir, et interagir ? Cette vie est-elle tout ce qui existe ?

L’esprit humain est avide de réponses à ces interrogations, mais alors que celles-ci semblaient autrefois à notre portée, elles échappent désormais à notre perception.

La vérité est aujourd’hui entrée sous le grand chapiteau d’un cirque plein d’attractions simultanées. S’y agite une cacophonie d’idées à homologuer. La périphérie est en train d’attaquer le cœur, l’absurde vient occuper la piste centrale. Opinions et sentiments ont tous droit de cité et sont jetés en pâture au plus offrant, la société ne considérant plus aucune vérité comme absolue. Il y a donc plusieurs croyances, plusieurs réalités, plusieurs vérités.

Il serait difficile d’offrir ici un panorama complet, même très général, de la relation que l’humanité a tissée avec la vérité au fil de son histoire. Nous ne sommes pas en mesure de traiter correctement toutes les complexités d’une étude épistémologique. Toutefois, nous pouvons convenir que l’humanité a toujours été en quête de connaissances et de réponses aux grandes interrogations. Elle a cherché vérité, ordre et sens de la vie. Or, chaque fois que ces réponses l’ont laissé insatisfaite, elle s’est lancée dans toutes sortes de nouvelles directions imaginatives.

À LA RECHERCHE DE LA VÉRITÉ

Revoyons quelques-uns des méandres que nous avons suivis pour arriver à notre situation actuelle.

Il y a un peu plus de mille ans, lorsque les survivants et descendants des invasions barbares et de l’effondrement désastreux de l’Empire romain se sont trouvés au seuil d’un nouveau millénaire, ils ont craint la fin du monde. Pourtant l’an 1000 s’est écoulé, des jours nouveaux se sont levés et il restait des bouches à nourrir : les Européens ont alors entrepris la reconstruction de leur monde. L’époque qui a suivi, le Moyen-Âge, est sans doute la période la plus religieuse de toute l’histoire occidentale. Les gens voulaient méditer, étudier Dieu, comprendre et faire connaître sa volonté telle qu’ils la percevaient.

La quête de la vérité est alors entrée dans les fonctions du catholicisme romain, religion dominante alors. À toute recherche intellectuelle indépendante, se sont substituées la prière et la lecture pieuse des Écritures. L’Église éclipsait tout. Dans les esprits, il n’y avait qu’un seul Dieu, une seule Église, une seule vérité.

En réaction à la domination et aux excès de l’Église et du régime médiéval, une démarche de sécularisation progressive s’est répandue, mettant en avant la relation directe et intime de l’individu avec Dieu. Il en a résulté la réapparition de la pensée classique et une remise en question de l’Église dans presque tous ses aspects. Durant cette période, à la base de la Renaissance, la vérité est passée du domaine de la religion à celui de la science. Alors qu’on l’avait toujours défini par référence à quelque chose d’autre – Dieu, l’intelligence universelle, la loi naturelle, la raison ou la nature –, l’homme devenait « la mesure de toute chose », pour emprunter l’expression du sophiste grec Protagoras.

Les hommes ont alors commencé à envisager les choses d’une manière différente. Francis Bacon se distingue comme l’un des rouages intellectuels qui a su entraîner la réflexion dans une nouvelle direction. Bien que non-scientifique, c’est à lui que l’on accorde la paternité de la méthode scientifique. En effet, son regard sur la science allait bien plus loin que celui de ses prédécesseurs : il y voyait un moyen d’améliorer la condition humaine. La détermination de la vérité, autrefois du ressort de Dieu, de l’Église, et éventuellement du roi « ordonné par voie divine », était désormais à la portée de chacun par le raisonnement et le bon sens.

Cette réorientation en apparence ténue a cependant suscité un profond changement. Le monde passerait dorénavant à travers les yeux de la science. Le droit d’établir la vérité allait descendre des sphères célestes pour rejoindre le royaume quantitatif scientifique. Or, cette approche empirique est au cœur de notre système de pensée actuel.

Une fois munis de ces nouveaux outils scientifiques, les hommes ont ambitionné de bouleverser le monde, ouvrant sur une série de révolutions et d’explorations, puis sur la conquête de la planète.

DES FONDEMENTS MOUVANTS

Cette nouvelle approche s’est appliquée et adaptée à tous les aspects de l’existence. La société moderne, née avec la révolution scientifique, riche du siècle des Lumières et de la Révolution industrielle, reposait sur un fondement scientifique et sur la technologie dérivée de celui-ci, la griffe invisible du capitalisme finançant son inexorable expansion.

Mécanismes, mais aussi outils capables de se combiner, ces bases se sont révélées efficaces pour développer le domaine physique et matériel, mais très insuffisantes comme fondements de la vérité. Donc, dépourvus d’une vérité universellement proclamée pour nous lier ensemble, nous nous sommes peu à peu détachés les uns des autres, entraînés vers le non-sens dont nous avions autrefois cherché à nous protéger.

Au début du vingtième siècle, la pensée nihiliste de Nietzsche pénétrait peu à peu le tissu de la société. Ce qui auparavant était considéré comme incompréhensible, absurde et même choquant, trouvait l’approbation générale.

Friedrich Nietzsche, dernier des grands philosophes allemands du dix-neuvième siècle (les deux autres étant Hegel et Marx), est entré en scène avec une déclaration décisive qui allait planter le décor. Méprisant ceux qui avaient tenté de séculariser la moralité en la séparant du christianisme, Nietzsche annonçait la mort de Dieu. Autrement dit, la mort de la vérité, notamment de la vérité de toute autorité au-delà de la personne. Au début du vingtième siècle, sa pensée nihiliste pénétrait peu à peu le tissu de la société. Ainsi, ce qui auparavant était considéré comme incompréhensible, absurde et même choquant, trouvait l’approbation générale.

Ces idées ont bénéficié d’un nouvel élan grâce à la théorie de Charles Darwin sur l’évolution. La notion de sélection naturelle a placé l’homme dans un modèle de développement linéaire, donc progressif : tout changement allant dans le sens des réflexions et tendances contemporaines était forcément positif. En conséquence, les bases étaient constamment en évolution. Nous pensions pouvoir justifier nos croyances (désormais de notre ressort) par des éléments aussi peu tangibles que nos sensations et notre satisfaction personnelle. Coupée de ses fondements et égarée, l’humanité n’a cessé, depuis lors, de tâtonner à la recherche de la vérité.

Le monde a mené cette quête de manière scientifique en suivant la vision pleine d’assurance des modernistes. Ceux-ci, convaincus que rien n’existait au-delà de ce que nos sens pouvaient percevoir, définissaient la vérité d’après leur propre expérience. Le modernisme s’appuyait sans réserve sur la réalité objective, faisant de la vérité le produit d’assertions démontrables ou réfutables.

Cette thèse reposait sur l’hypothèse erronée que l’homme est autonome et qu’il peut, seul, déterminer la réalité et la vérité. Ainsi, toute vérité est porteuse d’une légitimité intrinsèque. Cependant, même si cette approche semble ouvrir de nouvelles voies et convenir à notre nature humaine première, elle n’offre pas la clé permettant d’obtenir toute la vérité.

Au vingtième siècle, la science appliquée qu’est la technologie devait sauver le monde. Pourtant elle paraît avoir perdu son potentiel puisque, contrairement aux souhaits de Francis Bacon, elle n’a pas amélioré la condition humaine. Le problème est qu’à chaque fois que nous plaçons une confiance absolue dans quelque chose qui, par nature, n’est pas absolue, nous sommes peu à peu déçus, troublés et méfiants.

Au lieu de revenir aux principes élémentaires et de revoir nos prémices, nous déclarons aujourd’hui que personne n’a raison, autrement dit que tout le monde a raison.

Toutefois, au lieu de revenir aux principes élémentaires et de revoir nos prémices, nous déclarons aujourd’hui que personne n’a raison, autrement dit que tout le monde a raison. C’est faire preuve d’un relativisme des plus audacieux. Comme nous manquons d’assurance, le monde nous apparaît comme un sous-produit de réalités et de vérités multiples. Tout est possible et rien n’est certain. La vérité est une histoire. Elle n’est pas une fin en soi, elle n’est qu’un moyen. Voilà l’essence même du post-modernisme, une réaction aux excès présomptueux du modernisme.

D’après le gourou du management, Peter Drucker, nous traversons la transformation sociétale la plus profonde de l’histoire de l’humanité. Malheureusement, pour l’affronter, nous sommes dépourvus de tout repère.

NE PAS RÉFLECHIR : RESSENTIR

Il est impossible d’arrêter ou même de ralentir cette évolution, mais nous pouvons trouver des points d’ancrages pour nous aider à y faire face, parmi lesquels la vérité. Pourtant, nous préférons les opinions, et les positions qui laissent place aux valeurs relatives en nous accordant une marge de manœuvre. Les préférences personnelles nous évitent de réfléchir, d’être mal vus. Gagnés par la paresse, nous pouvons échapper à toute situation et nous reposer sur le sentiment que nous en avons. Nous agissons comme Linus dans la bande dessinée Peanuts lorsqu’il défend sa foi dans la Grande Citrouille en affirmant « peu importe ce en quoi l’on croit, l’important est d’être sincère ». Ainsi se résume notre approche de la vérité aujourd’hui, neutre et dénuée de sens.

Une société post-moderne entraînée vers sa fin inévitable signifie que le sens commun n’existe pas, puisqu’il n’y a pas de réflexions, sentiments ou opinions communément partagés auxquels on puisse faire appel. C’est une situation génératrice de confusion et de dissensions.

En l’absence de fondements, la plus haute valeur qui puisse être attribuée à une vérité quelconque est sa capacité à plaire et son utilité pratique : comment on se sent grâce à elle. Les sentiments et les opinions peuvent alors prendre l’ascendant sur la vérité. C’est ce que nous avons fait.

On peut dire que le langage de la vérité avait disparu dès les années 1970. Pourtant, les hommes recherchent la stabilité. En conséquence, cette société post-moderne s’est repliée vers la seule chose que nous puissions réellement connaître : nos sentiments personnels (soit, au mieux, une attitude autodestructrice). Épris de nos propres sentiments, nous voulons une chose et son contraire. Quoique perdus, nous ne tolérons pas que quelqu’un nous montre le chemin. Nous avons soif de justice, mais nous n’acceptons pas de jugements. Nous attendons des résultats, mais nous n’admettons aucune discipline. Nous aspirons à l’amour, mais nous nous recroquevillons sur nous-mêmes. Nous demandons la tolérance, mais nous n’apprécions pas les différences. Nous souhaitons l’union, mais nous désirons qu’on nous laisse seuls. Nous voulons des solutions, mais rien n’est absolu. Nous ne savons même pas comment appréhender l’étendue de notre savoir.

Dans son ouvrage Culture Shift, sorti en 1999, David Henderson écrit : « Notre monde est sous l’emprise des sentiments. Ils ont détourné notre langue. Nous disons couramment “je sens” plutôt que “je pense” ou “je crois”. Lorsque nous avons une décision à prendre, une conviction à défendre ou un acte à justifier, c’est notre sensibilité qui fournit notre argumentaire. Puisque cela fait du bien, pourquoi s’en priver ?! Peu de gens ont suffisamment de maîtrise de soi pour faire passer leurs sensations au second plan et mener leur vie en accord avec leurs convictions. Dans un univers où règnent la libre expression et l’autosatisfaction, des concepts tels que l’abnégation ou la maîtrise de soi paraissent complètement désuets ». D. Henderson continue avec pertinence : « Pourquoi devrais-je me méfier de mes sentiments alors que j’ai fait tant d’efforts pour communiquer avec eux ? ».

Aujourd’hui, submergés par un débordement d’émotions, nous sombrons dans le langage du moi-même personnellement.

LA CULTURE DU MOI

L’auteur et journaliste Robert Hughes pense que nous n’avons pas assez grandi. Son livre, La culture gnangnan est un réquisitoire contre la politique, l’art et la culture des États-Unis. Selon lui, « [l]a quête de l’Enfant profond a donc pris le relais, au moment précis où les Américains devraient être en train de se demander ce qu’il est advenu de leur Adulte profond, et par quel stratagème ce malheureux ancien s’est retrouvé enseveli sous le fatras de la psychologie pop et d’une spécieuse gratification immédiate. […] C’est avec ce genre d’attitude que nous créons une culture infantile et gnangnan, où le grand coupable est toujours Big Brother, et où l’extension des droits s’opère sans la contrepartie de toute citoyenneté – l’attachement à ses devoirs et à ses responsabilités. L’infantilisme est une manière régressive de faire front à la pression de la culture industrielle : ne m’écrasez pas, je suis vulnérable. Le subjectif prime : ce qui compte, c’est comment nous ressentons les choses, et non ce que nous pensons ou pouvons savoir » (traduction M. Leyris, Arléa). Une fois encore, les sensations passent avant la vérité.

Cette philosophie de vie imprègne également nos médias de divertissement. Bob Pittman, président fondateur de la très populaire chaîne de télévision américaine MTV a déclaré : « Avec MTV, nous avons introduit une forme non narrative […] Nous nous basons sur l’humeur et l’émotion : l’objectif est que nos téléspectateurs ressentent les choses d’une certaine façon, et non qu’ils partent avec un savoir quelconque ». Dans ce contexte, le cas de Sinéad O’Connor est-il vraiment surprenant ? Après avoir connu les désagréments d'une bataille juridique et perdu la garde de sa fille de trois ans – conçue délibérément, de son propre aveu, avec un homme qui lui était totalement étranger –, elle déclarait en toute franchise : « Je ne le referais pas. Pas parce que c’est immoral, mais parce que cela a été source de stress ». Et nous, la société, nous comprenons parfaitement.

Nous en arrivons à ne plus oser formuler la vérité. Dans son livre de 1995, The De-moralization of society, l’historienne Gertrude Himmelfarb cite le critique littéraire anglais Richard Hoggart lorsqu’il parle de sa ville natale : « A Hunslet, quartier populaire de Leeds où j’ai été élevé, les anciens continuent à donner comme conseils les règles morales qu’ils ont apprises au catéchisme et à l’office. Toutefois à présent, ils précisent presque systématiquement : « Mais ce n’est que mon avis, bien sûr. » G. Himmelfarb remarque : « On peut difficilement parler d’une foi intense grâce à laquelle on peut mettre de l’ordre dans sa vie personnelle ».

Non seulement nous craignons de dire la vérité, mais nous la trouvons souvent choquante lorsque nous l’entendons. Ceux qui parlent franchement sont qualifiés de cassants, brutaux et insensibles.

L’inquiétant n’est pas tant que ces idées et démarches soient nouvelles dans l’histoire de l’humanité, puisqu’il n’en est rien, mais plutôt qu’elles s’insinuent dans toute la société. Loin d’appartenir à quelques personnes retranchées dans les tours d’ivoire d’un savoir supérieur, elles ont plus ou moins infiltré la pensée de tous les hommes, femmes et enfants de la planète. Elles sont devenues notre culture.

C’est une erreur de ne pas en tenir compte sous prétexte que ce phénomène ne concerne que nous. En effet, nous avons fait le choix de céder à notre nature première : le désir de nous octroyer l’autorité suprême. C’est pourquoi nous devrons faire un choix en connaissance de cause, peut-être avec héroïsme, afin de redresser la situation. Un choix qui ne va pas enthousiasmer les foules.

LA VÉRITÉ ET SES CONSÉQUENCES

Pourquoi n’acceptons-nous pas la vérité ? Ou, sous une autre formulation, pourquoi ne sommes-nous pas à l’aise avec une réponse véritable et unique à chacune de nos interrogations les plus fondamentales ?

L’humanité a certainement été abusée au cours de son histoire par ceux qui se sont posés en seuls arbitres de la vérité. Des institutions – allant des empires régissant le monde aux États-nations, en passant par l’Église – ont défini et contrôlé la vérité et, ce qui est non moins important, ses applications : moralité, éthique, justice, liberté, loi, etc. Les interprétations de ces pans de vérité ont eu des conséquences désastreuses sur les civilisations passées. La confiance de la société a été trahie par de nombreuses erreurs. À cause de cela, beaucoup ont rejeté la possibilité d’une vérité absolue.

La vérité nous pousse à aborder des questions que nous estimerions plus facile, assurément plus commode, d’esquiver. Elle englobe discipline, responsabilité, personnalité, foi et principes. Ce sont naturellement des points ardus que la vérité ne nous permet pas de chasser d’un revers de main.

De plus, cette vérité nous éclaire, elle révèle l’absurde. Elle explique en nous évitant de patauger dans les sentiments avant d’atteindre le cœur du problème. Tel un point d’ancrage, elle nous montre le chemin indépendamment de ce qui se passe autour de nous.

Ces qualités lui donnent un tranchant prévisible. Elle est incisive et elle fait couler le sang ; lorsqu’on y est exposé, on n’en sort pas toujours indemne. Pourtant, la vérité nous astreint comme jamais les opinions et les sentiments ne le feront.

Humpty-Dumpty voudrait nous faire croire qu’aucune vérité n’existe en dehors des créations nées de nos perceptions. Alice avait certainement raison de l’interroger, car la vérité ne doit finalement provenir que d’une seule et unique source.

Dans l’évangile de Jean, Jésus déclare que la Bible, parole de Dieu, est Vérité. Cependant pour beaucoup, la Bible et Dieu, loin d’aider à y voir plus clair, représentent plutôt une gêne qu’il faut contourner. Personne n’aime s’entendre dicter ce qu’il doit faire.

La chroniqueuse indépendante Linda Bowles a écrit dans le WorldNetDaily à propos des Américains : « À l’heure actuelle, aux États-Unis, nous en sommes arrivés à considérer Dieu comme un querelleur moral, un Parent Suprême contre qui l’homme-enfant se rebelle. En d’autres termes, la religion se dresse entre bon nombre d’Américains et ce qu’ils veulent faire et être. En tant que nation, nous fuyons les vérités éternelles dans l’angoisse désespérée qu’elles puissent nous dépasser ».

Il nous est facile de nous écarter de la vérité et de prendre la place du pilote. La variété de possibilités est terriblement attirante, mais elle génère aussi épuisement et détachement. Plus les choix et options sont nombreux, moins nous y trouvons de sens. Tels des radeaux à la dérive sur l’océan, armés simplement de notre langage égocentrique, nous n’avons aucun moyen de nous lier les uns aux autres. Nous sommes seuls. Existe-t-il une vérité applicable universellement qui nous permette de nous unir ? Est-elle révélée par notre Créateur comme le revendique la Bible ?

Nous avons besoin d’un point de départ à partir duquel ordonner notre vie. Nous ne pouvons pas établir de relations durables au moyen de sentiments et d’émotions fugaces. Si la vérité n’est pas au cœur de tout, notre civilisation court au déclin.

Pourtant, nous ne pourrons pas contrer cette décadence si nous ne changeons pas notre regard sur la Bible. On trouve de multiples institutions qui respectent la légitimité de ce texte, sans avoir réussi pleinement à mettre en pratique son enseignement moral. Elles ont souvent déformé la signification et les desseins des Écritures.

La Bible est synergique et doit être considérée comme un tout. Ses vérités œuvrent ensemble comme un système intégré. Il s’agit d’un programme complet, d’un mode de vie. La religion n’a retenu que des bribes de la Bible, remplaçant bien souvent les instructions des Écritures par des traditions et des pratiques issues d’autres religions. L’Ancien Testament met en garde contre toute modification – ajout ou retrait – des textes.

Il faut noter que, selon la Bible, la compréhension vient en pratiquant son enseignement comme un mode de vie (Psaume 111 : 10). Combien de personnes ont réellement lu les pages de la Bible ? En le faisant, combien d’entre elles ont laissé la Parole s’exprimer d’elle-même ? Combien encore ont franchi une étape supplémentaire en appliquant et en essayant ses vérités, ses idées, ses principes et ses commandements dans leur vie personnelle ?